COMPTE RENDU ATELIER PHOTO MJC du 18 avril 2016

La plus grande partie de cette séance est consacrée à un échange avec la société grenobloise Jimag'in. http://www.jimagin.com/ qui nous a fait le plaisir de venir nous voir suite à un premier contact à Montier en Der.
Un grand merci à Mr Guilbaud et à son assistante pour leur disponibilité et leur clarté de présentation.
Pour cette occasion les collègues du club Traqueurs d'images de St Hilaire nous avaient également rejoints.
L'échange s'est déroulé en 3 temps : 1/Une présentation rapide des "fondamentaux" de la chaîne image, 2/Approfondissement de la partie impression, 3/échange sur des exemples concrets de photos imprimées sur différents papiers. Ce compte rendu tente de consigner l'essentiel des informations apportées.

1/ Rappel des fondamentaux de la chaîne photo numérique
La photographie prise avec l'appareil est constituée d'un fichier (jpeg ou raw) exporté vers l'ordinateur, pour être postraitée dans un logiciel dédié (exemple Lightroom) à partir de sa restitution par l'écran (ou moniteur), de manière à obtenir un fichier utilisé par l'imprimante débouchant sur une impression aussi fidèle que possible à ce qui était visible sur l'écran … et capturé par l'appareil.
- Travailler avec un écran calibré est un préalable : Les écrans sont à l'achat le plus souvent très... trop lumineux, avec des couleurs sursaturées, de manière à montrer des images très "avantageuses" … mais qui donnent un résultat décevant à l'impression.
A partir d'une sonde ou d'un spectrophotomètre et d'un logiciel couplé, on réalise donc un calibrage ou étalonnage de l'écran qui consiste à générer un fichier d'interprétation des informations couleurs permettant une représentation fidèle sur l'écran de l'image captée par l'appareil photographique. Ce fichier qui permet la transposition la plus fidèle possible des couleurs est appelé un profil ICC (pour International Color Consortium, en référence au consortium qui gère ces normes informatiques). Il viendra se substituer au fichier Windows originel de gestion des couleurs à l'affichage. On renouvellera de temps en temps le calibrage pour bien garder cette fidélité de restitution, même si les écrans plats à LED "évoluent" beaucoup moins que les anciens écrans à tube cathodiques.
A noter qu'un écran actuel calibré peut apparaître jusqu'à 10 fois moins lumineux qu'avant calibrage, mais avec une luminosité finalement bien plus fidèle à une photo tirée, qui n'est qu'éclairée et non rétroéclairée comme l'est l'écran.
A noter également que le calibrage est à réaliser pour les écrans d'entrée de gamme comme pour les moniteurs plus chers, dédiés à la photographie, les plus sophistiqués intégrant même une sonde.
La différence entre les écrans basiques et les moniteurs haut de gamme se fera plutôt sur la possibilité de restituer toutes les nuances des couleurs …
- Les systèmes de couleurs RVB et CMJN :
La théorie des couleurs propose 2 systèmes de couleurs primaires :
Le système RVB basé sur les 3 couleurs primaires Rouge, Verte, Bleu, dit système additif dans la mesure où les autres couleurs sont obtenues par +/- d'addition de ces couleurs de base. C'est le système utilisé par l'ordinateur pour obtenir les couleurs sur l'écran. Le noir est obtenu par un pixel "éteint" cad sans aucune des 3 couleurs tandis que le blanc est obtenu par l'addition RVB en valeurs égales.
Le système CMJ ou CMJN est l'inverse du système RVB, utilisé pour l'impression. Le blanc est donné par l'absence d'encre : c'est la couleur du support … il sera donc plus ou moins blanc selon le papier. On parle de système soustractif dans la mesure ou chaque dépôt d'encre sur le papier va soustraire de la lumière au papier blanc. Là aussi on obtient toutes les nuances des couleurs à partir de 3 couleurs primaires : Cyan, Magenta et Jaune(qui sont obtenues par mélange 2 à 2 des couleurs primaires du système RVB). C'est de l'impression en trichromie. En pratique on préfère ajouter le noir (N) et travailler en quadrichromie dans la mesure ou le dépôt des encres C + M + J ne permet pas d'obtenir un noir profond.
- Travailler dans un espace colorimétrique plutôt étendu
La restitution fidèle des couleurs implique également la notion d'espace colorimétrique de travail. Il existe différents espaces permettant de stocker dans les fichiers numériques de chaque photo plus ou moins d'informations concernant toutes les nuances des couleurs. L'espace le plus réduit, donc celui qui correspond à un fichier image de plus faible poids informatique est l'espace sRVB pour small RVB. C'est l'espace minimal que sait lire tout moniteur et qui permet d'échanger des photos sur le web.
A la prise de vue, il est plutôt conseillé, quand l'appareil le permet, d'opter pour un espace RVB, de manière à conserver un maximum d'information lors de la génération du fichier JPEG, ou mieux encore, d'opter pour le format raw qui conservera pour la suite de la chaine (du logiciel de traitement jusqu'à l'impression) toutes les informations que permet d'acquérir le capteur.
Il existe un espace encore "plus grand" appelé ProRVB, mais inutile pour ce qui nous concerne dans la mesure où toutes ses nuances ne pourront pas être restituées, ni sur les moniteurs, ni par les imprimantes.
Pour conclure sur les espaces … s'il n'y en pas de déclaré pour une photo c'est du sRVB (par exemple sur le web), bien sûr penser à retenir le profil de création dans le logiciel de traitement (certains comme photoshop pose la question en cas d'incohérence) et exporter généralement en sRVB pour ce qui doit être lu hors de sa propre chaîne, sinon la conversion tiers risque d'être catastrophique au niveau de la restitution des couleurs sur les écrans "basiques" de Mr Toutlemonde.

2/ Approfondissements de l'imprimante au papier
Il existe des imprimantes pour tous les budgets … Mr Guilbaud considère qu'elles donnent des résultats différents … mais finalement pas tant que çà !… en tout cas pour ce qui est des impressions couleurs, … les différences s'exprimant par contre beaucoup en Noir et Blanc.
Une dominante +/- verte ou sépia traduisant une impression N&B sur une imprimante mal "adaptée" alors que pour les imprimantes dédiées, il considère qu'aujourd'hui l'impression permet de meilleurs tirages que ne permettait le procédé argentique historique.

Les imprimantes se distinguent aussi selon le format maximal du papier pouvant être chargé - Mr Guilbaud considère que le format A3+ est bien adapté à la photo – mais surtout par le type d'encre utilisé :
- Les "dyes" ou encre à colorants où le support est de l'eau. Leurs principaux avantages sont le prix et l'obtention de couleurs très vives, leur principal inconvénient étant une tenue plus ou moins limitée dans le temps.
-Les encres pigmentaires ou les pigments sont associés à un support "huileux". Leur principal avantage est la tenue dans le temps, mais plus chères et d'un emploi plus délicat compte tenu d'une tendance à boucher les buses … d'où la nécessité d'adopter un compromis entre finesse d'impression donnée par les plus fines buses et risque. Pour donner un ordre de grandeur, les gouttelettes d'encres colorants ont un diamètre de l'ordre du micron contre 3,5 microns pour les encres pigmentaires.
-Pour mémoire il existe aussi des encres "à charbon" dédiées aux tirages N&B, qui permettent de très belles nuances de gris mais "bouchent" beaucoup, à utiliser sur papiers mats.
Quid du nombre de cartouches ? On arrive aujourd'hui sur certaines imprimantes jusqu'à 12 ou 13 cartouches différentes. La bonne mesure pour Mr Guilbaud est au minimum les couleurs de base + 1 ou 2 gris intermédiaires. A noter qu'il faut 2 noirs distincts pour les impressions sur papiers brillants et sur papiers mats car le noir mat ne sèche pas sur les papiers brillants. On regrette qu'Epson ait conçu ses imprimantes ave une seule buse pour ces 2 cartouches, ce qui implique une perte lors de la purge quand on passe d'un papier à l'autre.
Sur certains imprimantes une cartouche complémentaire "d'optimizer" a été ajoutée pour "remplir de matière" les blancs (pour mémoire le blanc est obtenu par absence d'encre) et obtenir un tirage plus "lisse".
On peut encore ajouter que l'encre est l'élément qui coûte le plus cher dans le processus d'impression. Pour situer un ordre de grandeur : environ 12 € d'encre pour une photo 60 x 90. Pour en réduire le coût, certaines alternatives sont proposées comme des encres "génériques" pour lesquelles le résultat est généralement considéré inférieur aux encres de marque dédiées à l'imprimante, et un dispositif de flacons avec tubulure venant alimenter les buses plutôt que les cartouches originelles, permettant d'utilisser des encres moins chères à volume équivalent, mais à reserver aux tirages couleur et aux utilisateurs particulièrement soigneux car particulièrement fragiles.

Comme pour l'écran, une restitution fidèle des couleurs sur le papier implique un fichier de traduction des nuances entre ce qui est observé et ce qui est imprimé : on a donc à nouveau besoin de générer un/des profils colorimétriques … un minimum pour chaque couple papier/imprimante qui sera utilisé par le logiciel photo. Sinon c'est le pilote de l'imprimante qui assurera cette conversion. Il existe généralement "en libre service" des profils types proposés par les constructeurs d'imprimantes et/ou les fabricants de papiers pour les principaux couples … mais il serait très couteux de calibrer parfaitement les imprimantes en fabrication, et si ces génériques permettent de résoudre 90 % des questions d'après Mr Guilbaud,  il est quand même préférable de générer – soi même avec un spectrophotomètre, par exemple au niveau d'un club – ou de faire générer chez un spécialiste les profils pour son imprimante et les papiers que l'on utilise. Si l'on veut être encore plus précis, il faudrait multiplier les profils selon les conditions d'impression : température, hygrométrie, lots des papiers et des cartouches influençant le résultat final.
Mr Guilbaud propose en complément de "se bricoler" une "mire" mixant sur une même page photos et chartes de couleur + n&b pour évaluer rapidement la fidélité d'impression.

Jimag'in propose des stages de formations à la colorimétrie et à l'établissement de profils.

Quant à la résolution d'impression, Mr Guilbaud considère qu'une "densité" de 240 ppp (pixels par pouce) est généralement satisfaisante, sauf pour les impressions sur de très grands formats où il est préférable de monter à 300 / 360 ppp.

3/ Choix des papiers
Cette partie ne peut pas être véritablement restituée dans le compte rendu … et tant mieux ! C'est ce qui fait toute la richesse de cet échange en "live", du visuel, du ressenti face à aux papiers et aux photos imprimées … comme tout l'intérêt d'aller voir des expositions… c'est pourtant essentiel pour finaliser le travail photographique et proposer une œuvre originale à parir de ses propres choix de supports.
On peut simplement rappeler que les papiers "Premium" constituent les entrées de gamme. La qualité "musée" est sans acide et sans chlore, donc de bien meilleure tenue dans le temps, les papiers dits "barytés" sont issus de l'époque argentique, même si aujourd'hui d'après Mr Guilbaud ce n'est plus du sulfate de baryum mais plutôt du dioxyde de titane qui intervient dans la fabrication des papiers brillants conservant cette appellation.
La socité Jimag'in propose une large gamme de papiers, depuis les Premiums jusqu'au papiers dit "Fin art" , coton, …de grammage plus important, soit sous sa propre marque soit issus des gammes des principaux fabricants de papiers.

NDLR : voici 2 sites parmi d'autres pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet avec de belles illustrations en couleurs :
http://www.profil-couleur.com/
http://www.guide-gestion-des-couleurs.com/